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Produits Structurés : Quels sont les risques ?

Par
Redouane Zad
3.19.2024
5 min.
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Les risques des produits structurés

Sommaire

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Les produits structurés, également connus sous le nom de fonds à formule quand ils sont fait en format fonds (OPCVM), ont le vent en poupe ces derniers temps.

Et pour cause, dans un environnement économique et financier marqué par l'incertitude, les produits structurés émergent comme une solution de choix. Ces placements proposent une protection partielle ou totale du capital ce qui les positionnent avantageusement entre les investissements en actions et les placements en fonds monétaires à plus faible rendement.

Toutefois, comme tout véhicule d'investissement, ils comportent leur part de risques. D'ailleurs, l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) les qualifie de complexes et impose aux professionnels du marché une exigence élevée en termes de pédagogie afin d'assurer une compréhension complète de ces produits par les investisseurs.

Examinons donc de plus près les risques associés aux produits structurés.

Produits structurés ou fonds à formule : définition

Un produit structuré est un instrument financier dont les caractéristiques principales, telles que la formule de rendement, les conditions de remboursement et l’indice de référence, sont définies à l'avance.

Cet outil d'investissement offre la possibilité de se positionner sur divers actifs sous-jacents, tels que des actions ou des indices boursiers, tout en proposant une protection du capital, totale ou partielle. Toutefois, les actions et les indices ne représentent qu'une partie des possibles sous-jacents. En effet, les produits structurés peuvent également être adossés à des taux d'intérêt, à des matières premières ou encore au taux d'inflation.

Reconnus pour leur capacité à optimiser le rapport entre rendement et risque, les produits structurés se prêtent à l'atteinte des objectifs spécifiques de chaque investisseur, tout en tenant compte de ses contraintes.

Comment mesurer le risque d’un produit structuré ? Notre Checklist

Pour vous guider dans vos choix d’investissement, nous avons établi une checklist en image qui vous permettra de mieux mesurer les risques du produit structuré dans lequel vous souhaitez investir.

1. Risque de perte en capital

Lorsqu'on parle de produits structurés, la garantie en capital est souvent mise en avant comme un atout. Cependant, il est essentiel de comprendre que toutes les garanties ne sont pas créées égales et qu'elles peuvent avoir des implications différentes pour l'investisseur.

  • Garantie totale : Comme son nom l'indique, cette garantie assure à l'investisseur qu'il récupérera, à minima, la totalité de son capital initial à l'échéance du produit, indépendamment de la performance du sous-jacent, sauf en cas de défaillance de l’émetteur (voir plus bas). Elle offre une sécurité maximale, mais souvent au prix d'un rendement potentiel plus faible.
  • Garantie partielle : Cette garantie offre une protection jusqu'à un certain seuil de baisse du sous-jacent. Si le sous-jacent performe au-delà de ce seuil négatif, l'investisseur risque une perte en capital.

Exemple avec l'Eurostoxx 50 :

Imaginons un produit structuré basé sur l'Eurostoxx 50 avec une garantie partielle protégeant contre une baisse allant jusqu'à -40%.  

  • Si, à l'échéance, l'Eurostoxx 50 a baissé de 38%, l'investisseur récupère son capital initial.
  • Mais si l'Eurostoxx 50 a baissé de plus de 40%, disons de 50%, l'investisseur subira une perte de 50% sur son capital.

Il est essentiel de consulter attentivement le Document d’Information Clé pour l'Investisseur (DIC) afin d'évaluer le niveau de protection du capital (le seuil de protection en cas de baisse) et d'examiner minutieusement les différents scénarios de rendement présentés dans le document.

2. Le risque de marché ou risque lié au sous-jacent

Au cœur de chaque produit structuré se trouve un sous-jacent, souvent un indice, une matière première, des devises ou d'autres actifs financiers. (Lire notre article sur les sous-jacents dans les produits structurés).

La valeur et le rendement d'un produit structuré dépendent directement de l'évolution de son sous-jacent. Si le sous-jacent performe bien, le produit structuré peut offrir des rendements attractifs. En revanche, si le sous-jacent performe mal, le produit peut générer des pertes, en particulier si cette mauvaise performance dépasse le seuil de protection offert par la garantie en capital, comme nous l’avons vu dans l’exemple plus haut. C'est cette dépendance directe qui rend l'analyse du sous-jacent si cruciale.

Comment analyser le sous-jacent d’un produit structuré ?

  • La nature du sous-jacent : Est-ce une action, un panier d’action, un indice boursier classique comme l’Eurostoxx, un indice synthétique ou encore une indexation sur un taux d’intérêt ? Il convient d’étudier attentivement les mécanismes du sous-jacent. Dans le cas d’un indice synthétique et plus particulièrement les indices décrément, très utilisé par les émetteurs des produits structurés pour proposer des rendements en apparence attractifs, leur mécanisme implique souvent un potentiel de hausse limité voire une sous-performance en cas de marché baissier ce qui peut induire un risque de perte en capital élevé. (Voir notre article sur les décrement dans les produits structurés)

  • L’historique de performance : Bien qu'il soit reconnu que les performances passées ne garantissent pas les performances futures et que ces dernières soient fortement influencées par le contexte économique et d'autres facteurs imprévisibles, une analyse approfondie des performances antérieures, spécialement dans des conditions de marché défavorables, peut fournir des indications précieuses.

  • Les facteurs influençant le sous-jacent : Les facteurs influençant le sous-jacent doivent être clairement identifiés. Il s'agit d'appréhender les divers éléments susceptibles d'impacter le sous-jacent, qu'ils soient de nature économique, politique, ou autres.

  • Les scénarios futurs : La projection de scénarios futurs est également cruciale. Il convient d'imaginer divers scénarios pour le sous-jacent, allant du plus optimiste au plus pessimiste, et d'analyser leur impact potentiel sur le rendement du produit structuré. Bien que le Document d’Information Clé pour l'Investisseur (DIC) présente ces scénarios, effectuer vos propres analyses permet d'assurer une compréhension approfondie du produit et de maintenir une certaine objectivité. Les scénarios proposés dans le DIC, étant fournis par le distributeur, ils peuvent présenter un biais.

En comprenant en profondeur le sous-jacent et son comportement potentiel, l'investisseur peut mieux évaluer le risque associé et prendre des décisions d'investissement plus éclairées.

3. Le risque de contrepartie, ou risque émetteur

Les produits structurés sont inextricablement liés à leur émetteur. C'est-à-dire que le produit, quelle que soit sa performance ou son sous-jacent, dépend également de la solvabilité et de la stabilité financière de l'institution qui l'a créé.

Le risque ici est double. D'une part, si l'émetteur du produit structuré rencontre des problèmes financiers ou fait faillite, il pourrait ne pas être en mesure de respecter ses engagements, notamment en ce qui concerne la garantie du capital. Cette garantie, qui est souvent l'un des principaux arguments de vente de ces produits, n'est aussi solide que la santé financière de l'émetteur.

Pour en savoir plus, lire notre article détaillé sur le risque émetteur

Comment minimiser le risque émetteur ?

Pour atténuer ce risque, il est conseillé de privilégier les établissements financiers de renom, jouissant d'une solide réputation et une longue histoire de stabilité financière. Ces institutions, en raison de leur taille, de leur expertise et de leurs antécédents, sont généralement mieux équipées pour gérer les imprévus et honorer leurs engagements.

Il est également judicieux de diversifier ses investissements en produits structurés parmi plusieurs émetteurs pour réduire davantage le risque associé à la défaillance de l'un d'entre eux.

4. Le manque de liquidité

Les produits structurés sont généralement conçus pour être détenus jusqu'à leur remboursement qu’il soit dans le cadre d’un rappel anticipé ou à son échéance. C'est à ce moment-là que les garanties en capital et les rendements potentiels sont réalisés.  

Cependant, la vie est imprévisible, et il peut y avoir des moments où un investisseur a besoin d'accéder à ses fonds avant cette date. Il est donc primordial de connaître la date d'échéance et de s'assurer qu'il existe une option de sortie, et d’en vérifier les conditions, notamment le montant des frais.

La fiabilité de l’émetteur est également un facteur clé du prix de revente de votre produit sur le marché secondaire. Si la qualité de ce dernier s’est dégradée sur les années, vous prenez le risque d’une perte, même si le produit structuré choisi dispose d’une garantie totale en capital. Pour rappel, cette garantie n’est valable qu’au moment du remboursement du produit. Si vous souhaitez revendre votre produit avant cette date, le prix sera alors indexé aux prévisions du performance du sous-jacent ainsi qu’à la qualité de l’émetteur.

Comparaison du risque d’un produit structuré par rapport à d’autres placements ?

Pour évaluer le niveau de risque des produits structurés par rapport à d'autres placements financiers, nous avons établi un schema qui permet de positionner la gamme des produits structurés parmi d'autres investissements. 

Produits structurés vs autres placements

Les produits structurés se situent, dans l'échelle de risque, entre les fonds monétaires et les obligations d'une part, et les placements en actions ou ETF d'autre part. Il est important de souligner qu'il n'existe pas un unique produit structuré, mais plutôt une vaste gamme, chacun présentant ses propres caractéristiques et, par conséquent, des niveaux de risque distincts. Cette diversité se traduit par une large gamme de niveaux de protection pour les investisseurs.

  • Les produits structurés considérés comme les moins risqués sont ceux qui offrent une garantie de capital à l'échéance, idéalement accompagnée d'un coupon garanti. Ces produits proposent généralement un rendement annuel situé entre 3% et 4,5%. Il est toutefois à noter qu'un niveau de protection élevé entraîne généralement un rendement plus modeste.
  • Ensuite, on trouve les produits structurés avec un capital garanti mais sans garantie de versement d'un coupon. Dans ce cas, le capital est assuré d'être remboursé à l'échéance, mais le rendement dépend de l'évolution de l'actif sous-jacent et pourrait être nul dans un environnement de marché baissier.
  • Enfin, il y a les produits structurés sans garantie de capital, où le risque de perte en capital est présent. Ces produits incluent notamment ceux à effet de levier, qui offrent des rendements potentiellement élevés en échange d'un risque tout aussi conséquent.
  • En conclusion, le choix d'investir dans des produits structurés doit être mûrement réfléchi, en tenant compte de leur positionnement spécifique sur l'échelle de risque et de la diversité de leur offre. Une compréhension approfondie de leurs caractéristiques et de leur adéquation avec les objectifs d'investissement et le profil de risque de l'investisseur est cruciale pour prendre des décisions éclairées.

Conclusion : Stratégie pour investir dans les produits structurés

Vous savez désormais mesurer le risque d’un produit structuré et vous pouvez donc analyser les offres du marché plus sereinement. (Découvrez nos avis sur les produits structurés du marché)

Quelques conseils pour conclure :

  • Bien que les produits structurés puissent être attrayants, ils ne devraient pas constituer une proportion dominante de votre portefeuille. Une recommandation courante est de limiter la part des produits à capital non garanti à 50% de l'allocation totale, bien que cela puisse varier en fonction des objectifs et de la tolérance au risque de chaque investisseur.
  • Si vous choisissez d'inclure des produits structurés dans votre portefeuille, veillez à diversifier entre différents types de produits et émetteurs. Cela permet de répartir le risque associé à un émetteur ou à un sous-jacent spécifique.
  • Diversifiez votre portefeuille en termes de durées d'échéance des produits structurés. Cela peut aider à réduire les risques liés aux fluctuations du marché à court terme.
  • Faîtes attention aux frais et mettez-les en corrélation avec le rendement potentiel. Des frais trop élevés peuvent impacter significativement le rendement final.
  • Choisissez le bon support pour disposer d’une fiscalité correspondant à vos objectifs personnels.

Pour finir, retenez tout de même que l’AMF qualifie les produits structurés d’instruments financiers complexe et l’apport d’un conseiller peut être judicieux pour faire les bons choix.

Foire aux questions

Nos réponses résumées aux questions les plus posées sur les produits structurés.

Vous avez d'autres questions ? Contactez-nous

Qu'est-ce qui rend les produits structurés plus risqués que d'autres formes d'investissement ?

Les produits structurés combinent souvent plusieurs instruments financiers, tels que des obligations et des options dérivées, ce qui peut rendre leur comportement plus complexe que celui des instruments traditionnels. De plus, leur performance est étroitement liée à la performance d'un sous-jacent (comme un indice boursier) et à la solvabilité de l'émetteur. Cette combinaison de facteurs peut augmenter le niveau de risque comparé à d'autres investissements plus directs.

La garantie en capital signifie-t-elle que mon investissement est totalement sécurisé ?

Pas nécessairement. La garantie en capital peut être totale ou partielle. Une garantie totale signifie que vous récupérerez au minimum votre investissement initial à l'échéance, indépendamment de la performance du sous-jacent. Une garantie partielle, en revanche, offre une protection jusqu'à un certain seuil de baisse du sous-jacent. Si cette baisse est dépassée, vous pourriez subir une perte en capital. De plus, la garantie est aussi solide que l'émetteur du produit ; si l'émetteur fait défaut, la garantie pourrait ne pas être honorée.

Comment puis-je évaluer la solidité de l'émetteur d'un produit structuré ?

Il est conseillé de se pencher sur la notation financière de l'émetteur, qui est généralement évaluée par des agences de notation indépendantes. Ces notes fournissent des indications sur la solvabilité et la stabilité financière de l'émetteur. De plus, étudier l'historique, la réputation et la taille de l'émetteur peut également offrir des insights sur sa capacité à honorer ses engagements.

Est-il possible de vendre un produit structuré avant son échéance ?

Oui, il est généralement possible de vendre un produit structuré avant son échéance, mais il est important de noter que cela peut entraîner des conséquences financières. La valeur du produit structuré à la vente dépendra de plusieurs facteurs, dont la performance du sous-jacent à ce moment-là et les conditions du marché. De plus, des frais ou pénalités pour sortie anticipée pourraient s'appliquer, réduisant le montant que vous récupérez. Il est donc essentiel de bien comprendre les termes et conditions associés à une vente anticipée avant de prendre une telle décision.

Le Guide des Produits Structurés

Les produits structurés sont des produits complexes, ce guide relève le défi de la simplification pour vous permettre de comprendre leur fonctionnement, leurs risques et leurs avantages. Mais aussi dans quel contexte de marché cette classe d'actif s'impose.

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