Produits structurés sur actions à décrément : attention au mirage du coupon élevé

Les produits structurés autocall mettent souvent en avant un coupon facial très attractif — parfois jusqu’à 15 %, 20 % ou plus par an. Mais il est essentiel de comprendre les conditions dans lesquelles ce rendement est effectivement versé.
Dans bien des cas, ces conditions sont difficiles à atteindre, surtout lorsque le sous-jacent est une action individuelle avec décrément fixe.
C’est justement le cas du produit VALORIS Privilège Stellantis décembre 2024, indexé sur l’indice SG Stellantis Decrement 1.20 EUR. Ce produit annonce un rendement potentiel alléchant de 20 % par an... mais sa probabilité de réalisation est très faible.
Des coupons élevés... pour compenser un risque caché
Les produits basés sur des actions à décrément (souvent des titres individuels avec dividende synthétique fixe) affichent généralement des niveaux de coupons très élevés. Cela attire l’œil, mais masque un point fondamental : la trajectoire réelle de l’indice est mécaniquement dégradée année après année.
Dans le cas de l’indice SG Stellantis Decrement 1.20 EUR, un décrément fixe de 1,20 € est retranché chaque année. Rapporté au cours initial de l’indice (11,85 €), cela représente un dividende synthétique de plus de 10 % par an, très éloigné des dividendes réellement versés par l’entreprise (de 2017 à 2023 Stellantis a distribué un dividende moyen de 3.76%).
Dans un contexte économique tendu (hausse des taux, pression réglementaire sur l’automobile, baisse de la demande), il est peu probable que Stellantis maintienne des niveaux de distribution élevés.
Une mécanique destructrice de performance
Lorsque l’action baisse ou stagne, le décrément fixe continue à détruire la valeur de l’indice, même si l’action de base distribue un dividende réel tant qu’il est plus petit que le dividende synthétique de l’indice. Ce phénomène amplifie les pertes en cas de marché baissier.
Exemple concret :
L’indice a été lancé avec un niveau initial à 11,85 €. Aujourd’hui, il est à 8,55 €, soit une baisse de 28 %. Le produit se valorise actuellement à 57 % de son nominal, alors même qu’il reste plus de 9 ans avant l’échéance. Cette valorisation intègre :
- la faible probabilité de rappel anticipé
- la pente baissière induite par le décrément (14 % par an désormais sur la base de 8,55 €)
- le risque sectoriel élevé de Stellantis
- Le risque de perte en capital de plus en plus important
Autrement dit, le prix du produit ne dépend pas uniquement de la baisse actuelle du sous-jacent, mais aussi d’une perspective très pessimiste sur la suite. Et à juste titre : avec un décrément de 1,20 €, si l’action ne remonte pas fortement, l’indice chutera mécaniquement chaque année jusqu’à potentiellement sortir de la zone de protection.
Fiche produit à l'appui : le cas Stellantis à décrément
Le produit VALORIS Privilège Stellantis décembre 2024 illustre parfaitement ces dangers :
- Sous-jacent : action Stellantis avec décrément de 1,20 €/an
- Durée : 10 ans
- Barrière de protection : 30 %
- Plancher "Airbag" : 37 %
- Coupon facial : 20 % par an
- Valorisation actuelle : 57 % du nominal avec l’indice en baisse de 28 %
👉 Retrouvez la fiche complète ici
Checklist pour analyser et évaluer une action à décrement
En conclusion : le décrément, un mécanisme ingénieux de structuration qui peut se transformer en un ennemi silencieux
Avant d’investir dans un produit structuré sur action à décrément, il est impératif de :
- Comparer le niveau du décrément au dividende moyen réellement versé par l’action sur une période longue (ex. 10 ans)
- Analyser la soutenabilité économique du dividende à venir
- Évaluer l’effet du décrément dans un scénario de marché baissier ou neutre
Un produit avec un coupon facial de 20 % peut, en réalité, cacher une très forte probabilité de perte, surtout si son sous-jacent est mécaniquement en pente descendante.
Foire aux questions
Nos réponses résumées aux questions les plus posées sur les produits structurés.
Vous avez d'autres questions ? Contactez-nous
Un produit structuré à décrément est un placement financier dont le sous-jacent est un indice ou une action ajustée d’un décrément fixe, c’est-à-dire une ponction annuelle prédéterminée simulant le versement de dividendes. Contrairement aux dividendes réels, ce montant est retiré systématiquement, même si l’entreprise ne verse rien. Cela peut entraîner une érosion automatique de l’indice, surtout en cas de marché stable ou baissier.
Les actions à décrément peuvent sembler attractives grâce à des coupons élevés (jusqu’à 20 %), mais elles intègrent souvent une mécanique qui détériore la performance du sous-jacent. Si le décrément est supérieur aux dividendes réellement versés par l’entreprise, l’indice associé baisse chaque année, ce qui réduit fortement la probabilité de gains (rappel anticipé) et augmente le risque de perte en capital à l’échéance.
Non, tous les produits à décrément ne sont pas mauvais. Ce qui compte, c’est le contexte : - Le décrément est-il cohérent avec les dividendes passés de l’action ? - Le potentiel de hausse du sous-jacent est-il réaliste ? - La durée et les conditions de rappel anticipé sont-elles bien calibrées ? - Un décrément bien structuré peut être pertinent, à condition d’avoir une analyse rigoureuse en amont.
Avant d’investir, il est essentiel de : Comparer le décrément au dividende moyen sur plusieurs années - Simuler l’impact du décrément dans différents scénarios de marché - Évaluer les chances réelles de remboursement anticipé - Vérifier les fondamentaux de l’entreprise (solidité financière, politique de dividende, volatilité) - Pour vous aider, téléchargez notre checklist PDF et consultez notre analyse du cas Stellantis.
Le Guide des Produits Structurés
Les produits structurés sont des produits complexes, ce guide relève le défi de la simplification pour vous permettre de comprendre leur fonctionnement, leurs risques et leurs avantages. Mais aussi dans quel contexte de marché cette classe d'actif s'impose.
